Depuis le mois d’avril, à la Clinique Saint-Luc Bouge, le laser Thulium est désormais proposé aux patients qui nécessitent une prise en charge chirurgicale de l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP). Le Docteur Alexandre Delrée, urologue formé pour cette technique à Rennes, à Cambridge et à l’hôpital d’Alost, qui a amené son expertise en laser à la Clinique, nous expose la technique et ses avantages.

Ces dix dernières années, différentes techniques au laser ont vu le jour pour traiter l’HBP.  L’énucléation au laser est la technique que développe Alexandre Delrée depuis 2018 et qu’il a amenée à la Clinique Saint-Luc Bouge. Il  utilise actuellement le laser Thulium (ThuLEP pour Thulium Laser Enucleation of Prostate)

Cette intervention est réalisée sous anesthésie loco-régionale ou générale lorsque le volume prostatique est important. « Ce laser donne des pulsions très rapides et brèves et possède, comparé à d’autres lasers, une profondeur de pénétration très petite, de seulement 0.4 mm », rapporte le Dr Delrée.

La procédure se déroule en deux parties. « Tout d’abord, les lobes obstructifs de l’adénome sont énucléés en direction de la vessie. Ensuite, ces lobes sont fragmentés dans la vessie et aspirés au moyen d’un morcellateur. L’intervention se termine par le placement d’une sonde de rinçage transurétrale, maintenue en place un jour, voire deux à trois jours si nécessaire », explique l’urologue.

Les nombreux avantages du ThuLEP

Comparé aux autres techniques, le ThuLEP présente de nombreux avantages : « Il permet une baisse significative des pertes de sang pendant et après l’opération et donc une réduction drastique des lavages de vessie après opération et des pertes sanguines . En outre, la sonde vésicale peut être retirée plus rapidement, ce qui permet de raccourcir la durée d’hospitalisation. Enfin, le résultat est souvent définitif et permet d’arrêter le traitement médical. Il s’agit d’une véritable avancée technologique, surtout quand on sait que la technique permet de retirer beaucoup de tissus et est donc très efficace », détaille le Dr Delrée.

« Quant aux complications, elles sont aussi rares avec le laser qu’avec les autres techniques et presque toujours mineures (sténoses de l’urètre et incontinences dues au stress, respectivement dans 3% et 1,5% des cas) », pointe Alexandre Delrée.

A l’avenir, le ThuLEP deviendra le standard pour les prostates de faible et de gros volume. Quant à l’adénomectomie par voie chirurgicale abdominale classique, elle sera indiquée seulement pour les prostates de volume très important.

Les prostates, mais ce n’est pas tout

En réalisant cet investissement, l’hôpital fait d’une pierre deux coups car ce laser permet non seulement d’opérer les prostates, mais aussi les lithiases urinaires. « Dans ce cas, nous utilisons un endoscope assez fin que nous montons depuis le méat urinaire jusque dans la vessie et puis dans l’uretère jusqu’au rein pour vaporiser et détruire les pierres au rein. Cette opération est réalisée en hôpital de jour et était déjà réalisée à Bouge avec l’ancien laser. Mais le nouveau laser est plus puissant et plus efficace », souligne le Dr Delrée.

En outre, ce laser permet aussi de traiter des polypes dans les reins. « Quand des tumeurs rénales urothéliales sont peu nombreuses et petites, on peut parfois les brûler et les détruire au laser. C’est une alternative à l’ablation du rein pour conserver la fonction rénale. Mais, en contrepartie, cela nécessite alors un suivi régulier et assez lourd », précise encore l’urologue.

Une expertise indispensable

La raison pour laquelle le ThuLEP n’est pas encore largement répandu réside notamment dans la raideur de la courbe d’apprentissage. On admet généralement qu’il faut avoir pratiqué 50 interventions pour entièrement maîtriser la technique. Aussi l’arrivée du Dr Delrée, qui en a plus de 200 à son actif, est-elle de bon augure pour offrir des soins de grande qualité aux patients.

Docteur Alexandre Delrée, urologue

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