Au cours des dernières années, les connaissances des valves cardiaques ont considérablement augmenté, les techniques se sont améliorées et l’équipe de Chirurgie cardiaque de la Clinique Saint-Luc Bouge obtient d’excellents résultats en termes de remplacements valvulaires, comme nous l’explique le Pr Gebrine El Khoury, chirurgien cardiaque à la renommée internationale.

Les deux pathologies les plus fréquentes au niveau des valves cardiaques sont l’insuffisance et la sténose. Soit on les remplace, soit on les répare. « Généralement, le cœur préfère ses propres tissus, d’où l’on préfère réparer. La fonction cardiaque est alors mieux préservée. Le patient n’a pas les inconvénients liés à la prothèse et sa survie est aussi probablement meilleure. Ces réparations concernent surtout les fuites valvulaires », souligne le Pr El Khoury.

Pas encore de prothèse idéale

Par ailleurs, lorsqu’il faut procéder au remplacement d’une valve, il n’existe pas encore de prothèse idéale, c’est-à-dire facile à implanter, qui ne nécessite pas de médication, …

« A ce jour, nous disposons de deux types de prothèses : les mécaniques (qui nécessitent une anticoagulation à vie) et les biologiques (qui ne nécessitent pas d’anticoagulation, mais qui ont une durée de vie limitée) », rappelle le chirurgien. « Le choix se fait en discutant avec le patient des avantages et des inconvénients et en voyant ce qui est le mieux pour lui en fonction de sa pathologie, de son âge et de ses souhaits. »

Insuffisance mitrale

Au niveau mitral, la pathologie la plus fréquente est l’insuffisance. « Heureusement, les insuffisances mitrales sont réparables dans 90% des cas et le geste chirurgical est assez simple », commente le Pr El Khoury.

Si, par contre, le tissu est calcifié par le calcium ou une infection, il faudra la remplacer. « On a le choix ici entre une valve mécanique et une valve biologique, mais il faut savoir que plus on est jeune, plus la valve biologique va être sollicitée. Un patient de 70 ans pourra vivre 15 ans avec une valve biologique. Par contre, chez un patient de 20 ans, une valve biologique ne durera que 5 ans. L’âge est donc un critère majeur dans le choix du type de valve. Pour les patients jeunes, on choisira généralement une valve mécanique, tandis que pour les patients plus âgés, on optera pour une valve biologique », détaille le chirurgien.

Insuffisance aortique

La valve aortique peut être insuffisante dans deux situations. « D’une part, en cas de bicuspidie, la valve est fuitante et concerne les jeunes patients : elle peut être réparée. D’autre part, en cas d’anévrysme de l’aorte, il faut remplacer l’aorte, mais on peut – grâce aux progrès de la médecine – garder la valve », indique Gebrine El Khoury.

Quand la valve est calcifiée, il faut la remplacer, avec la même discussion entre valve mécanique et biologique que pour l’insuffisance mitrale. Une troisième option est la valve humaine pour laquelle la Clinique Saint-Luc Bouge a recours à l’European Homograft Bank (EHB) aux Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles. « C’est une option que nous essayons de privilégier principalement en cas d’infection ou d’endocardite parce qu’elle est d’une qualité supérieure », précise le chirurgien.

Et enfin, une quatrième option, qui avait été quelque peu délaissée et qui revient à l’avant-plan est la technique de Ross. « Cette intervention consiste à ôter la valve aortique malade, à la remplacer par la valve pulmonaire (qui lui ressemble fortement) et à prendre une valve humaine pour remplacer la valve pulmonaire. Cette chirurgie est un peu plus délicate, mais elle apporte au malade une qualité de vie exceptionnelle, avec une espérance de vie presque équivalente à celle d’une population normale », soutient Gebrine El Khoury. La Clinique Saint-Luc Bouge est l’un des rares centres belges à la proposer.

Un suivi cardiologique indispensable

En conclusion, si des progrès significatifs ont été réalisés en chirurgie valvulaire ces dernières années, il convient de garder à l’esprit qu’elle ne permettra jamais de guérir le patient. « Lorsque nous expliquons les avantages et inconvénients des différentes valves avec le patient, il est essentiel de lui expliquer que quel que soit le geste que nous poserons, nous ne le guérirons pas. Nous allons l’aider à vivre avec sa pathologie au mieux et le plus longtemps possible », insiste Pr El Khoury. « Il est donc capital que le patient bénéficie d’un suivi cardiologique rapproché le reste de sa vie ».

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