La Clinique Saint-Luc Bouge a réuni cinq candidats de différents partis politiques pour une conversation à bâtons rompus avec Adrien Dufour, directeur général de la Clinique Saint-Luc Bouge lors de la première édition du Spring’Food Festival. Chacun a exposé sa vision et ses propositions pour améliorer le système de santé en Belgique. 

Adrien Dufour, a donné le ton en appelant à une vision de la santé axée sur l’anticipation et la prévention plutôt que sur le curatif. « On est trop orienté malade et pas assez sur l’anticipation et sur la sensibilisation, l’information pour éviter de passer du stade d’une personne dans une communauté à un malade dans un hôpital », a-t-il déclaré. Il a plaidé pour une collaboration renforcée entre hôpitaux, médecine générale et médecine sociale, pour « créer de la valeur pour le patient en brisant les silos ». M. Dufour a également insisté sur le besoin de « repenser le débat de manière à apporter des réponses claires » et de « penser le débat en tant que patient et pas en tant qu’entité ».

Les propositions du PS

La candidate PS, Eliane Tillieux, a mis en avant le bilan de son parti en faveur des soins de santé, rappelant que « le PS s’est battu » pour inscrire une norme de croissance des dépenses de santé de 3% dans la feuille de route du gouvernement fédéral. Elle a également défendu la création d’un « grand plan prévention belge », notant que chaque euro investi dans la prévention permet d’économiser 3 à 4 euros dans le curatif. Mme Tillieux a toutefois déploré les difficultés à faire émerger une vraie coopération entre hôpitaux en raison de « compétition » et de « compétitivité » entre équipes médicales.

Les propositions de DéFi

Le candidat DéFi, Amaury Alexandre, a lui aussi plaidé pour un renforcement de la prévention afin de réduire les besoins dans le curatif. Mais il a surtout insisté sur la nécessité de « revaloriser l’ensemble du personnel médical et en particulier ceux de la première ligne ». « Si DéFi est au gouvernement après le 9 juin, il est clair que le personnel médical dans son ensemble sera revalorisé », a-t-il promis. M. Alexandre a aussi critiqué la création d’un statut d' »assistant en soins infirmiers » moins formé comme une « logique budgétaire » qui n’améliorera pas la qualité des soins.

Les propositions d’Ecolo

Isabelle Groessens, candidate Ecolo, a de son côté appelé à « oser décloisonner » entre métiers et entre secteurs de soins. Elle voit dans la récente réforme de l’organisation de la première ligne « des jalons qui sont en train de se poser » pour permettre « à chaque personne d’avoir accès à des soins de santé de qualité dans tous les niveaux ». Mme Groessens a aussi défendu une approche « tout à fait décloisonnée » par territoire plutôt que par métier ou secteur.

Les propositions du MR

Gaëtan de Bilderling, candidat MR, a regretté que les initiatives de prévention n’attirent souvent que des « gens convaincus » et peinent à toucher les publics les plus à risques. Il a souligné le manque criant de médecins généralistes et spécialistes sur le terrain, jugeant qu’il « faut former plus de médecins plus d’infirmiers plus infirmières » dès maintenant et aller rechercher ceux qui ont leur diplôme mais ont quitté la profession. M. de Bilderling s’est insurgé contre le « nivellement par le bas » des formations d’infirmiers.

Les propositions des Engagés

Enfin, le candidat des Engagés Lucien Bodson a martelé que la Belgique se trouve dans une « situation d’urgence » sur le plan médical, « au bord d’un gouffre », et qu’il faut donc agir vite. Il a appelé à « beaucoup plus » que les 400 millions d’euros débloqués pour les soignants, jugeant qu’il « en fallait trois fois plus ». « Quand en 2008, les banques ont failli être en faillite, il n’a fallu que 48h aux autorités pour trouver les sous », a-t-il fait valoir. Pour M. Bodson, il est urgent de former davantage de soignants et d’aller rechercher ceux qui ont quitté la profession pour d’autres horizons.

Ce débat a donc fait ressortir un assez large consensus sur la nécessité d’investir davantage dans la prévention, de renforcer l’attractivité des professions de santé, et de mieux coordonner les différents niveaux et acteurs de soins. Mais des divergences persistent sur les moyens d’y parvenir, entre volonté de « décloisonner » et acceptation d’une certaine « compétition », ou sur l’opportunité de créer de nouveaux métiers de soignants moins qualifiés.

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