Samedi 7 novembre dernier, la Clinique Saint-Luc Bouge organisait un symposium à destination des médecins généralistes. Nous revenons ici sur quelques moments clé de l’exposé du Dr Martin Vantomme, ophtalmologue, consacré aux urgences ophtalmologiques en médecine générale.

Impossible de nous attarder sur l’ensemble des tableaux cliniques évoqués durant cet exposé. Nous allons donc nous concentrer sur l’œil rouge, « estimant qu’il y a pas mal de choses à comprendre pour pouvoir orienter correctement – et éventuellement déjà traiter en première ligne – le patient », comme l’a souligné le Dr Vantomme.

Tout d’abord, il convient de faire la distinction entre ce qui est traumatique et ce qui ne l’est pas. Il est notamment important de bien observer la pupille. « On a parfois des appels de généralistes ou d’urgentistes mentionnant une petite rougeur, sans avoir observé la pupille ? Or, si la pupille est déformée, il se passe quelque chose, probablement une perforation », souligne Martin Vantomme.

En l’absence de traumatisme, la pathologie la plus fréquente est la conjonctivite, qui peut être microbienne ou allergique. « Attention toutefois aux porteurs de lentilles de contact », met en garde l’ophtalmologue. « Si un porteur de lentilles de contact a un œil rouge, il développe peut-être une atteinte infectieuse de la cornée. Dans ce cas, il est utile de référer le patient à un ophtalmo pour un traitement avec des collyres antibiotiques.» La conjonctivite est souvent bilatérale, elle peut s’accompagner de sécrétions claires ou plutôt purulentes en cas d’infection bactérienne.

Les hémorragies sous-conjonctiviales : parfois impressionnantes mais banales

Les hémorragies sous-conjonctivales sont une autre pathologie relativement fréquente, parfois impressionnante, mais tout à fait banale, pour laquelle il ne faut absolument rien faire. « Quand on les voit en cabine d’ophtalmologie, on conseille quand même de réaliser un contrôle de la tension, de vérifier éventuellement qu’il n’y a pas un diabète sous-jacent ou une hypertension artérielle, mais localement, on ne va rien faire », commente le Dr Vantomme.

Une autre pathologie, un peu plus subtile, est l’uvéite, la plupart du temps, unilatérale. « Elle peut donner un larmoiement du fait de la photophobie, mais il n’y a pas de sécrétion, donc on ne va pas avoir de cils collés, par exemple. L’injection conjonctivale va être typiquement centrée autour de la cornée. » Autre pathologie aussi souvent unilatérale : l’épisclérite. « Ici, c’est l’épisclère ou la sclère qui s’enflamme. Typiquement, elle va être sectorielle. Ce ne sera donc pas la totalité de l’œil qui est rouge, mais un secteur de celui-ci. »

Que ce soit l’uvéite ou l’épisclérite, on traite tout simplement avec des collyres à base de cortisone. Là aussi, il est quand même important d’avoir un avis ophtalmo rapide.

L’angle irido-cornéen : une urgence plutôt rare mais à connaître

Enfin, une urgence plus rare, mais à ne pas méconnaître, est la fermeture de l’angle irido-cornéen. « Ici aussi, il convient de regarder la pupille. En plus de la rougeur, l’œil est très douloureux à tel point que les nausées et vomissements peuvent être à l’avant-plan. A l’examen clinique, on va observer une pupille en hémi-mydriase aréactive. Dans ce cas, la conduite à tenir est de donner rapidement du Diamox® 250 mg per os et d‘adresser le patient en ophtalmologie pour initier un traitement local à base de pilcoarpine et de collyres hypotenseurs. Une iridotomie périphérique au laser Argon permet en général de solutionner définitivement le problème », conclut le Dr Vantomme.

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