Le 27 septembre 1994, le premier patient bénéficiait d’une chirurgie cardiaque à la Clinique Saint-Luc Bouge. Trente ans plus tard, c’est le 10.000e patient qui vient d’y être opéré. Avec désormais plus de 450 patients opérés par an, la Clinique Saint-Luc Bouge est le deuxième centre wallon de chirurgie cardiaque. Retour sur ces trente ans avec les Drs Pierre-Yves Etienne, chef du service de Chirurgie cardiaque, et Spiridon Papadatos, chef du département de Chirurgie.

C’est en 1993 que la Clinique Saint-Luc Bouge rentre sa candidature pour obtenir un agrément de centre de chirurgie cardiaque. Chaque centre demandeur devait à l’époque opérer 150 patients par an. « Ensuite, les quotas sont passés à 250 cas par an et c’est alors avec le CHR Sambre et Meuse de Namur que nous avons demandé un agrément commun en 1999 et qu’est né le CNACC (Centre Namurois d’Angioplastie et de Chirurgie Cardiaque) », relate le Dr Papadatos.

Bien au-delà des 250

Aujourd’hui, il existe 28 centres agréés de cardiologie et de chirurgie cardiaque en Belgique et il faut toujours réaliser 250 interventions de chirurgie cardiaque minimum par an pour maintenir son agrément. « Nous sommes dans l’attente de modification de ces critères », commente le Dr Etienne. « Aujourd’hui, nous sommes bien au-delà de ce critère quantitatif de 250 puisque cela fait trois années consécutives que plus de 450 patients sont opérés chaque année uniquement sur le site de Bouge, ce qui fait de la Clinique Saint-Luc Bouge le deuxième centre de chirurgie cardiaque wallon après le CHU de Liège

Quant au CNACC, il a permis, au-delà de l’objectif initial d’atteindre les quotas d’activités, de développer une forte synergie des équipes médicales et de répartir certaines prises en charge entre les structures hospitalières afin d’évoluer vers une médecine spécialisée de qualité.

Ce faisant, la pose de valves aortiques percutanées est réalisée au sein de la Clinique Saint-Luc Bouge, tandis que la pose de défibrillateurs a lieu au CHRSM site Meuse, chaque équipe réalisant ses procédures au sein de l’institution dédiée. Dernièrement, c’est une garde commune de cardiologie interventionnelle qui a été mise en place, signe du dynamisme de cette association.

Evolution du profil du patient type

Si l’on assiste aujourd’hui à un véritable boom de la cardiologie interventionnelle, la chirurgie cardiaque existe toujours en parallèle. « En effet, tandis que les procédures de cardiologie interventionnelle ont d’abord été initiées pour offrir une solution aux sujets âgés, qui ne pouvaient pas être opérés, elles sont désormais de plus en plus proposées à des sujets à moyen risque opératoire », observe Pierre-Yves Etienne.
La chirurgie reste, dans les domaines coronarien et valvulaire, une excellente option de traitement pour le long terme (c’est-à-dire au-delà de 7-8 ans). « En outre, le grand avantage de la chirurgie cardiaque est qu’elle permet de réparer des valves et qu’il est toujours préférable – quand c’est possible – de réparer une valve plutôt que de la remplacer parce que la durabilité de nos propres tissus est supérieure », commente le chirurgien.

La Clinique Saint-Luc Bouge précurseur en ERAS (Early Recovery After Surgery)

Depuis cette année, la Clinique Saint-Luc Bouge est l’un des premiers hôpitaux à adopter un protocole ERAS en chirurgie cardiaque. « L’ERAS consiste à utiliser des anesthésies beaucoup plus légères, ce qui permet un réveil du patient plus précoce, c’est-à-dire déjà en salle d’opération. En l’occurrence, les jeunes patients devant être opérés de la valve aortique et de la valve mitrale par des voies axillaires bénéficient d’une préparation spécifique avant l’opération, dans le cadre de laquelle ils vont rencontrer un anesthésiste mais aussi un nutritionniste et un kinésithérapeute », explique le Dr Etienne.

« C’est tout à fait novateur car d’habitude, les patients rejoignent les soins intensifs encore endormis. Désormais, ils sont déjà réveillés quand ils arrivent aux soins intensifs et n’y restent plus en principe que 24 heures. L’ERAS était d’ailleurs l’un des hot topics du dernier congrès de la Société belge de chirurgie cardiothoracique le mois dernier, preuve que c’est une voie de l’avenir », ajoute le chef de service.

La chirurgie cardiaque encore en croissance

Enfin, un fait assez remarquable à la Clinique Saint-Luc Bouge est que, malgré le succès de la cardiologie interventionnelle, on observe parallèlement une augmentation du nombre de cas de chirurgie cardiaque : « Ce n’est pas la tendance au niveau national. C’est plutôt une tendance qui caractérise notre institution grâce notamment au nombre croissant de cardiologues qui entraîne un recrutement plus important de patients candidats à la chirurgie et au fait que de plus en plus de patients d’autres hôpitaux de Wallonie nous sont adressés par leurs cardiologues », conclut le Dr Papadatos.

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